18 juin 2006

De Marquette à Veracruz


Jim Harrison : De Marquette à Veracruz - Bourgois 2004 et 10X18 2006 - traduit de l'anglais

Encore un chef d'oeuvre et encore une histoire. Jim Harrison est un vieux briscard de la littérature américaine, cela fait bien longtemps qu'il écrit et qu'il est traduit en français. Il y a une quinzaine d'année, on nous rabachait les oreilles avec son titre magistral " Dalva " et un peu honteux je me décidai à le lire. Après vingt pages je reposai le bouquin et l'oubliai. Quelques années plus tard, toujours honteux, je tentai à nouveau le coup avec " La femme aux lucioles " et trente pages plus tard le livre se retrouva dans une bibliothèque, oublié. Je recommençai encore plusieurs fois avec " Légendes d'automne ", "Wolf", "Nord-Michigan " et à chaque fois l'ennui me guettait, je passai à autre chose. Je ne savais pas ce qu'il y avait avec cet auteur, tout le monde le citait partout, je ne pouvais pas dire qu'il écrivait mal, simplement je n'avais jamais la tête à ses textes. Impossible, ça ne passait pas et je ne pouvais pas l'expliquer. Ce n'était pas mauvais, les histoires avaient l'air profondes, mais je ne crochais jamais. Et puis lors des vacances de Pâques, je me décidai à recommencer le coup avec l'édition de poche "De Marquette à Veracruz", et là, miracle, je dévorai le bouquin en deux jours, captivé, trouvant ce texte magnifique. Parfois, il faut qu'il y ait un déclic inexpliquable au tréfond de notre cerveau, à moins que d'autres lectures m'aient enfin préparé à celle-là ?
L'histoire est incroyable, le héro David Burkett va raconter sa vie depuis les années soixantes, jusqu'à nos jours, son adolescence à l'ombre d'un père vicieux qui aime les très jeunes filles et de sa mère réfugiée dans les paradis artificielles. Sa soeur qui est la seule à oser se rébeller contre le père quand il veut la violer, secoue la famille en partant. David ne sait pas vraiment comment se révolter. pourtant quand son père violera une jeune mexicaine, fille d'un employé de la maison dont il était amoureux, il prend à son tour un envol en fuyant cette famille destructrice. Il connaîtra plusieurs femmes qui seront celles qui le feront avancer dans sa vie, celles qui vont l'éduquer à la place de ces parents défaillants. Le texte est fort, comme les situations d'une violence sans nom, pas de sang, mais des sentiments de honte, un malaise général qui empêchent le héros narateur de vivre. Tout celà jusqu'à l'affrontement final avec ce père monstrueux.
Le texte est un classique roman d'éducation comme les auteurs américains savent si bien le faire. Il nous parle de ce mal-être qui nous envahit quand on à l'impression de ne pas être à la hauteur de notre vie, du manque de courage qui nous fait fuire plutôt que d'affronter les situations conflictuelles. Bien sûr c'est du roman, on peine à croire que des êtres aussi vils existent, mais pourtant on se prend à y croire, puis à douter; les pages sont comme des miroirs qui nous renvoit notre propre image, nos doutes et notre couardise...
Alors il est bien possible qu'il existe des textes que l'on est prêt à lire que après avoir vécu un peu de notre vie pour pouvoir comprendre de quoi il s'agit. Ce livre est ainsi, il m'a touché, au plus profond de moi, il a remué certains souvenirs et je sais qu'une fois refermé, il en restera quelque chose. Et c'est ce que l'on peut espérer de mieux de la part d'un texte, qu'il nous remue les trippes et les neurones.

PS : Explication sur les fautes d'orthographes qui émaillent ces chroniques : j'écris tout cela d'un seul geste, sans trop réfléchir et sans relire. C'est, à mon sens, l'esprit d'un blog, une sorte de collage d'instantanés, je sais que si je me mettais à corriger la forme et le fonds, je perdrais cet force ( ou faiblesse ). Donc je livre la chronique brute de décoffrage. Alors que ceux pour qui la forme prime sur le fonds passent leurs chemins. Et contrairement à une idée reçue très courante : le fait de beaucoup lire ne m'a jamais appris l'orthographe. Je ne suis pas le seul, Gabriel Garcia Marquez, prix nobel de littérature écrit comme un génie mais est zéro en orthographe. Simplement il engage des correcteurs qui ne retouchent rien à la forme. Alors si quelqu'un se sent d'attaque, je veux bien lui envoyer les textes avant parution sur le blog. Manifestez-vous grâce aux commentaires en laissant votre mail...

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